"La culture n'est pas un luxe, c'est une nécessité"

Partant de cette notion fondamentale exprimée par Gao Xingjian, ce blog a pour but de partager les connaissances dans tous les domaines de l'histoire de l'art occidental.

Des périodes antiques à la période contemporaine, le lecteur est invité au voyage par des articles à vocation scientifique, mais accessibles à tous.

S'interroger, historiciser, expliquer en gardant un esprit critique et humaniser l'histoire au travers des productions et oeuvres sont les critères essentiels de cette page. De nouvelles perspectives naissent ainsi du croisement des regards, des conceptions, de la connaissance des artisanats et des arts.

Rédigé par une docteur spécialisée en iconographie, ATER à l'Université de Poitiers, ce blog a également la volonté d'intégrer de jeunes chercheurs passionnés, désireux de partager leurs connaissances et leurs savoirs par la publication d'articles.



" The culture is not a luxury, it is a necessity " This notion expressed by Gao Xingjian, is the foundation for the blog, who aims at sharing the knowledge in all the domains of the art history. From Antique periods to the contemporary period, the reader is invited in the journey by articles with scientific vocation, but accessible to everyone. Wondering, historicizing, explaining by a critical spirit and humanizing the history through the productions and works are the essential criteria of this page. New perspectives arise from the crossing of the glances, conceptions, knowledges. Drafted by a PhD Doctor specialized in iconography, this blog also has the will to join young researchers, avid to share their knowledges by the publication of articles. English summaries will be proposed (see article : the blog evolves - le Blog évolue)


samedi 14 avril 2012

LA MANUFACTURE DE FAÏENCE DE LA VEUVE PERRIN A MARSEILLE


Par Sandrine KRIKORIAN, Docteur en Histoire de l'Art



Le sud-est de la France, à l'époque moderne, est dominé par deux foyers artistiques majeurs dans l'art de la faïence : Moustiers et Marseille. L'activité débute dans ces deux villes vers 1675 par l'intermédiaire de la famille des Clérissy qui possédait une fabrique dans les deux villes (celle de Marseille se trouvait dans les faubourgs ; il s'agit de la manufacture de Saint-Jean-du-désert). Néanmoins, à Marseille, c'est au XVIIIesiècle que la faïence connaît son âge d'or avec pas moins d'une douzaine de manufactures dont celle de la Veuve Perrin. Il s'agit encore de nos jours de la manufacture de faïence marseillaise la plus réputée et elle est intéressante car elle doit sa renommée à la femme qui la dirige : Pierrette Candelot, originaire de Lyon, épouse de Claude Perrin. Ce dernier décède en 1748 en laissant sa veuve avec trois enfants et des dettes. Et c'est celle que l'on connaît sous le nom de la Veuve Perrin qui va donner à la manufacture de faïence son essor et sa renommée.

Véritable "femme de tête", sachant prendre des décisions, c'est une admirable gestionnaire. Moins de quatre ans après le décès de son mari, les dettes sont soldées. Dotée d'une remarquable intuition, elle achète en 1754 une propriété dans le quartier de Montredon qui se revèlera un investissement fructueux. A cette époque à Montredon existait un phénomène géologiques qui selon les recherches scientifiques est rare en Provence : la formation de sable éolien dolomitique fin et légèrement coloré. Ceci a permis à la directrice de la manufacture d'avoir à sa disposition la matière première nécessaire : le sable ainsi que le sel (fondant utilisé pour l'émail). Par la suite, elle va s'associer avec d'autres faïenciers et fera encore davantage fructifier ses investissements ce qui lui permettra d'accroître la renommée de la manufacture. Elle cède sa place à sa fille Anne à qui elle donne une procuration à l'âge de 84 ans puis décède l'année suivante, en 1794. Avec elle, meurt également la manufacture qui ferme ses portes au début du XIXe siècle.

Assiette à décor chinois, vers 1660-1670, Petit Feu, pourpre (c) Copyright Sandrine Krikorian
Voici un exemple de ce que fabriquait la manufacture de la Veuve Perrin avec la technique du Petit Feu. Cette assiette se trouve au musée de la faïence à Château Pastré à Marseille qui recèle un trésor d'objets en faïence marseillaise. De nombreuses pièces qui s'y trouvent ont été réalisées par la manufacture de la Veuve Perrin. Mais pas seulement. Des manufactures comme celles de Fauchier, Savy, etc. y sont également représentées.


C'est la Veuve Perrin qui met au goût du jour la technique de cuisson au "Petit Feu" (ainsi qu'on l'appelle pour la distinguer de la cuisson au "Grand Feu"). Déjà connue en France, surtout à Strasbourg grâce à Pierre Hannong, c'est avec Pierrette Candelot que cette technique se développe à Marseille et c'est de cette façon qu'elle a différencié sa production des  pièces des autres manufactures marseillaises. Ce procédé permet l'emploi de couleurs variées : or, argent, vert clair, rose et rouge que l'on ne trouvait pas dans la technique au "Grand Feu".

Les pièces produites sont diverses : assiettes, plats, rafraîchissoirs à bouteilles et à verres, saucières, surtouts de table, terrines, couverts, sucriers, mais aussi pots-pourris, fontaines d'applique ou encriers. Ce sont donc principalement des objets de table qui sont produits avec un décor également diversifié. Fonds colorés, décor floral, décor animalier, représentations exotiques, scènes champêtres ou encore vues marines sont un éventail du décor de la manufacture. En ce qui concerne le décor animalier, il faut noter un thème marseillais, appelé familièrement le décor "de bouillabaisse" et qui comprend la décoration de poissons. 

                                                                                                      Sandrine Krikorian 
                                                                                                      Docteur en Histoire de l’Art
                                                                                                      Blog de l'auteur






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