"La culture n'est pas un luxe, c'est une nécessité"

Partant de cette notion fondamentale exprimée par Gao Xingjian, ce blog a pour but de partager les connaissances dans tous les domaines de l'histoire de l'art occidental.

Des périodes antiques à la période contemporaine, le lecteur est invité au voyage par des articles à vocation scientifique, mais accessibles à tous.

S'interroger, historiciser, expliquer en gardant un esprit critique et humaniser l'histoire au travers des productions et oeuvres sont les critères essentiels de cette page. De nouvelles perspectives naissent ainsi du croisement des regards, des conceptions, de la connaissance des artisanats et des arts.

Rédigé par une docteur spécialisée en iconographie, ATER à l'Université de Poitiers, ce blog a également la volonté d'intégrer de jeunes chercheurs passionnés, désireux de partager leurs connaissances et leurs savoirs par la publication d'articles.



" The culture is not a luxury, it is a necessity " This notion expressed by Gao Xingjian, is the foundation for the blog, who aims at sharing the knowledge in all the domains of the art history. From Antique periods to the contemporary period, the reader is invited in the journey by articles with scientific vocation, but accessible to everyone. Wondering, historicizing, explaining by a critical spirit and humanizing the history through the productions and works are the essential criteria of this page. New perspectives arise from the crossing of the glances, conceptions, knowledges. Drafted by a PhD Doctor specialized in iconography, this blog also has the will to join young researchers, avid to share their knowledges by the publication of articles. English summaries will be proposed (see article : the blog evolves - le Blog évolue)


vendredi 28 octobre 2011

Note de lecture


Jacques HEERS, Le clan des Médicis. Comment Florence perdit ses libertés (1200-1500).
Paris, éd. Perrin, 2008 (395 p., annexes, bibliographie, index) 
ISBN 978-2-262-02525-0 ; 22 €


« Le destin de Florence est à l’opposé de l’image que nous gardons en tête des villes d’Italie […]. Pour les historiens […], les habitants qui luttaient pour la liberté de leurs cités ne pouvaient être que des « hommes d’affaires », des négociants et des banquiers, ou des artisans, tous gens de bon aloi, seulement occupés à bien gérer leurs trafics et leurs boutiques, pacifiques bien sûr, vêtus de longues robes de bon drap, coiffés de gros bonnets […]. » (p. 9-10).

Loin des idées souvent véhiculées dans nos livres d’histoire, l’ouvrage de Jacques Heers, historien français spécialiste du Moyen Age et professeur émérite à Paris-Sorbonne (Paris IV), invite le lecteur à creuser le « mystère Médicis ». Avec un talent particulièrement succulent dans l’écriture et la description des faits historiques, documentés (chronologie, arbres généalogiques, index, glossaire, cartes et notes), l’auteur démêle les intrigues du Moyen Age et nous emmène dans la Florence des XIIIe et XVe siècles, ville puissante ayant confié son avenir à une famille de marchants devenus banquiers de l’Europe et princes sans titre de la cité des bords de l’Arno.

Teintée de querelles, de massacres et d’exils, l’épopée familiale a marqué la vie de Florence et ce que l’on nomme souvent trop rapidement, et sans véritablement la comprendre, la Renaissance italienne.
Sur fond de crise religieuse, nous découvrons l’envers d’une légende et d’un clan, admiré tout autant que détesté. Nicolas Machiavel notamment, dans les Istorie fiorentine, montre comment la cité « perdit ses liberté » par la prise de pouvoir médicéenne. Ordonnateurs et maîtres du jeu, les Médicis ont agi de l’intérieur, usant d’une politique complexe, de tribunaux d’exception, d’un acharnement fiscal, n’hésitant pas à mettre en place complots et tromperies. Une belle manipulation, en somme, et Florence s’est laissé gagner sans mouvement de masse dans les rues, sans lutte de ses citoyens.

L’ouvrage nous propose donc de comprendre le cheminement de cette famille qui, par chance ou par sagesse, a su déjouer les coups d’intrigants en conquérant progressivement le pouvoir. Ces aimables tyrans, pour un temps du moins, ont ainsi contribué à la constitution d’une politique encore d’actualité et la construction de l’Europe. 
L'ouvrage, en plus d'être un développement magistral, nous permet ainsi de mieux connaître un aspect de l'histoire, peut-être pour mieux comprendre le présent et regarder vers l'avenir, fort des expériences du passé.
C. L.


Jacques Heers, French historian specialist of the Middle Ages and emeritus professor at Paris-Sorbonne (Paris IV), invites the reader into the " Medici mystery ". With a delicious talent in the writing and the description of the historic facts (with a chronology, genealogy, index, glossary, maps and notes), the author takes us in the Florence des XIIIe and XVth centuries, a powerful city having entrusted his future to a family of marchants, becoming bankers of Europe and princes without title. The book shows the progress of this family which conquered gradually the power. These pleasant tyrants, for a moment, contributed to the constitution of a politics still of current events and the construction of Europe.


C. L. 

mardi 25 octobre 2011

INFORMATION Festival d'Histoire de l'Art de Fontainebleau


Appel à contribution pour le second Festival d'Histoire de l'Art organisé par le Ministère de la Culture et de la Communication, l'I.N.H.A. et le Château de Fontainebleau.
Le thème de l'édition de 2012 sera les voyages et le pays invité, l'Allemagne.
Propositions de contributions à communiquer avant le 2 novembre, informations sur :
http://festivaldelhistoiredelart.com/appel-a-communication/


The French Government Office for Culture and Communication, the Institut National d'Histoire de l'Art (INHA) and the Château of Fontainebleau organize the second edition of the Festival of Art history in 2012. The theme will be journeys and trips and the invited country is Germany.
A call for papers and communications is open till wednesday, november 2nd 2011.

vendredi 21 octobre 2011

"Brèves... rencontres d'oeuvres", par Audrey Courtin


Brèves… rencontres d’œuvres
par Audrey Courtin
Niveau Master II Histoire de l'Art
Université de Provence, Aix-Marseille I

A tout seigneur tout honneur, en tant qu’aixoise, je vais donc commencer par vous inciter à aller au musée Granet d’Aix-en-Provence découvrir l’exposition « la collection Planque. L’exemple de Cézanne » qui, suite à son succès public, est prolongée jusqu’au 6 novembre.
Aix-en-Provence, Musée Granet

La Fondation Jean et Suzanne Planque, créée en 1998, peu avant le décès du collectionneur suisse, a choisi le musée Granet pour accueillir les 300 œuvres de sa collection, pendant 15 ans. Une sélection de 120 peintures, dessins et sculptures est présentée lors de cette manifestation et nous propose un parcours parmi de grandes figures de l’art moderne, depuis les impressionnistes (Monet, Renoir, Degas…) et leurs contemporains (Van Gogh, Cézanne…) jusqu’aux artistes majeurs du XXe (Picasso, Braque, Dufy, Léger, Klee, De Staël, Dubuffet, Tapiès…). L’intégralité de la collection sera dévoilée dans la Chapelle des Pénitents blancs qui ouvrira en 2013, à l’occasion de l’année « Marseille Provence, capitale européenne de la Culture ».

Proche de nombre des artistes qu’il a collectionnés (tel que Picasso rencontré en 1960 et Dubuffet pour les plus connus, ou encore Jean Bazaine, Sonia Delaunay, Roger Bissière…), ancien conseiller de la Galerie Ernst Beyeler de Bâle de 1954 à 1972, peintre lui-même (il apprend à peindre en même temps qu'il travaille dans l'assurance et le commerce), Jean Planque (1910-1998) a constitué sa collection en se basant sur sa sensibilité artistique et ses admirations. Dans L’œil de Planque, rédigé à partir d’entretiens réalisés entre 1995 et 1997, Béatrice Delapraz, sa nièce, cite une phrase extraite du journal de 1973 de son oncle: « J’aime mieux les tableaux que la vie. Ma vie = tableaux. Il n’y a pas un art du laid et du beau, cela n’existe pas. Il y a seulement le mystère, la magie, et l’horrible peut tout aussi bien que le beau exprimer ces choses. C’est en se livrant totalement à l’instinct, sans intervention intellectuelle que l’on peut exprimer ce qui est en soi, bien en soi, totalement et profondément».

La scénographie sur 3 étages du musée Granet nous donne à ressentir la diversité de ses goûts et de ses inspirations artistiques. Au rez-de-chaussée, après un aperçu de maîtres de la figuration (Renoir, Degas, Monet, Van Gogh…) et de cubistes (Braque, Juan Gris, Fernand Léger…), est proposée la reconstitution de l'accrochage d’œuvres au-dessus de son lit (dont un bel Arlequin de Picasso) de son dernier domicile à la Sarraz, la ville de son enfance. Ceci témoigne de l’aspect affectif de sa collection. Jean Planque avait également une grande admiration pour Cézanne qu’il découvre à 19 ans et qui lui ouvre la voie. Pour se rapprocher du maître aixois, il s’installera même, pour peindre, de 1849 à 1951, 6 mois par an, dans un petit cabanon au pied de la montagne Sainte-Victoire, motif mythique présent à travers une des deux aquarelles de Cézanne exposées au musée.

Au 1er étage, les œuvres présentées font écho à son penchant pour la musique et à son goût de la matière. Il pratiquait le piano et cherchait dans la peinture les mêmes rapports de rythmes, de tons à tons, les reprises ou les pauses que dans une partition musicale. Paul Klee qui s’inspire de la syntaxe musicale est présent. Tout comme Sam Francis, artiste américain inspiré de l’Action Painting, ou encore Jean Dubuffet. Ce dernier, rencontré dans les années 1940, lui montre un chemin vers une forme d’art plus spontanée que l’héritage cézannien. Il s’agit de s’abandonner, sans réfléchir, à la pure contemplation sensible. Voilà une des meilleures façons d’appréhender l’art abstrait qui compose la majeure partie de cette exposition, et plus particulièrement de l’art brut, concept inventé en 1945 par Dubuffet pour désigner les productions de personnes exemptes de culture artistique. Telle qu’Aloïse Corbaz, jeune femme internée dans les années 1920 qui se met alors à créer des oeuvres aux couleurs éclatantes, ici représentée au côté de Dubuffet (qui l’intègre à sa propre collection d’art brut dès 1947).

Le goût de Planque pour le travail de la matière le conduit à s’intéresser aux valeurs plastiques et aux mélanges de matériaux (sable, terre, pigments) de représentants de l’Ecole espagnole comme Antoni Tapiès ou Antoni Clavé dont on peut apprécier des travaux. Ou encore aux sculptures composées d’assemblage de bois peint et aux collages de carton-relief  de son ami Kosta Alex, artiste américain décédé en 2005, à l’art ludique et burlesque. Ce dernier a été une véritable découverte pour moi. A mon sens, il illustre l’idée que l’art contemporain peut être d’un abord simple et sans prétention. Il égaie cette exposition. Ses œuvres sont dispersées dans différentes salles, au côté de dons, postérieurs à 1998, du sculpteur Sorel Etrog (dont les œuvres répondent parfaitement à celle de Kosta Alex) et d’Alexandre Hollan d’une de ses séries de natures mortes représentant un motif en perpétuel transformation: Chênes de Viols le Fort, 2003. Il cherche à capter l’impression fugitive. La boucle est bouclée avec les impressionnistes du début de la visite !  Ces deux artistes avaient attiré l’attention de Planque sans qu’il ait pu rien acquérir d’eux. Ces dons perpétuent l’action du collectionneur suisse en faveur de l’art vivant dans un esprit non mercantile. Il s’agit avant tout de partager avec le public le plaisir de la contemplation d’œuvres. 

Finalement Planque a, principalement, acquis des pièces qu’il aurait certainement aimé exécuter. D’où, au-delà d’une apparente non-homogénéité, la cohérence de sa collection. La dernière partie de l’exposition, au 2e niveau, intitulée « Planque et ses amis » propose des oeuvres réalisées par ce dernier. Sans atteindre dans sa pratique l’excellence des artistes qu'il admire, il s’y montre d’une grande sensibilité pour questionner les tableaux des autres. Il peint par exemple à la manière de Cézanne. Mais, insatisfait de son travail, il se penche sur les ouvrages des autres. Et connaissant intrinsèquement la pratique artistique, les contacts qu’il entretient avec certains artistes vont bien au-delà du simple rapport de marchand à artiste. À côté de ses relations privilégiées avec les maîtres Picasso, Dubuffet, Giacometti, de multiples lettres visibles ici témoignent de l’amitié sincère entre Jean Planque et des artistes moins réputés comme les suisses Walter Schüper (qui l’introduit en 1954 auprès du marchand d’art Ernest Beyeler), Paul Basilius Barli (sa 1ère acquisition en 1937 est une toile cézannienne de cet artiste), René Auberjonois (sorte de Cézanne suisse aussi taciturne que son modèle) ou encore Hans Berger (qu’il découvre à la fin de sa vie et en qui il reconnaît un puissant créateur qu’il va jusqu’à comparer à Van Gogh !). Des œuvres de ces artistes sont présentées. Et une correspondance avec le conservateur du musée Granet, Louis Malbos, pendant le séjour de Planque, à la fin des années 1940, dans le pays d’Aix, témoigne de l’amitié nouée alors. Malbos lui proposa de montrer une œuvre dans le cadre de l'exposition « Les Peintres de la montagne Sainte-Victoire » organisée, en juin 1951, en parallèle du festival d'art lyrique. Il y a donc 60 ans, une œuvre de la collection Planque a déjà été accrochée aux murs du musée Granet.

Loin de toute considération mercantile, Planque ne s’est pas spécialisé dans quelques mouvements stylistiques à la mode. Il n’a pas non plus tenté d’aligner des pièces maîtresses pour retracer une Histoire de l’art en miniature. Comme il aimait à dire, « aucune pièce de ma collection n'est un chef-d'œuvre majeur, mais en revanche aucune n'est vulgaire». En réfléchissant bien, l’expressivité de la ligne, la richesse de la couleur et un sentiment de l’espace rapprocheraient tous les artistes représentés, des plus classiques aux plus contemporains, des figuratifs aux abstraits. Mais surtout, à mon sens, en plus d’apprécier des œuvres et de découvrir des artistes, cette exposition permet d’appréhender la passion de toute une vie d’un jeune homme suisse d’origine paysanne et protestante, sans fortune ni éducation artistique, véritable autodidacte, qui consacra son existence à dénicher des œuvres, soutenir des artistes et ne vécut jamais que de façon simple et frugale, tout à sa vocation, jusqu’à son décès. « Le tableau s'impose à moi avec brutalité dans sa totalité et je pressens. Je pressens le mystère, ce qui ne peut être dit ni à l'aide de la musique, ni à celle des mots. Immédiate préhension. Chose émotionnelle. Possession de tout mon être. Je suis en eux et eux en moi. Tableaux ! […] J'ai mieux aimé les tableaux que la vie […] J'ai brûlé pour les tableaux. » écrit-il dans ses cahiers en 1972. Un bel exemple d’aventure humaine et artistique qui nous prouve, à l’heure d’un marché de l’art qui fonctionne avant tout à courte vue, en misant sur des artistes à la mode mais dont la cote ne résistera pas, pour beaucoup, à l’épreuve du temps, que l’art est une question de sensibilité, de passion et de partage, et qu’il doit enrichir au sens figuré le plus grand nombre, et non pas uniquement enrichir financièrement quelques spéculateurs. Planque, en puriste, n’a-t-il pas dit dans des Entretiens parus en 1991 : « J'ai toujours trouvé que le commerce des tableaux était quelque chose d'impie, que ça avait quelque chose de dégradant, que gagner de l'argent avec des tableaux, c'était comme de gagner de l'argent avec des femmes. C'est dégradant[]. ».


Je me permets de référencer quelques liens que j’ai trouvé intéressants :



Audrey Courtin.
Niveau Master II d’Histoire de l’art.


Présentation d'Audrey Courtin
audrey.courtin1@gmail.com
Formation

- Niveau Master II d'Histoire de l'Art. 2004-2006, Les photographies du littoral marseillais (des années 1860 aux années 1920). 

Sous la direction de M. Pierre Wat, U
niversité de Provence (Lettres et Sciences humaines), Aix-Marseille I

- 2001-2003 : Maîtrise d’Histoire de l’art : Le peintre paysagiste et mariniste Alfred Casile (Marseille, 1848 - Marseille, 1909) au sein de l’Ecole marseillaise de peinture de paysage du XIXe siècle. Sous la direction de M. Claude Jasmin, Université de Provence (Lettres et Sciences humaines), Aix-Marseille I.

Expérience professionnelle
- 2007-2010 : Animatrice en Histoire de l'art au centre culturel Coste d’Aix-en-Provence. 
- 2005-2008 : 
Aide documentaliste en Bibliothèque universitaire et Bibliothèque d’IUT



Expérience professionnelle supplémentaire 
- 2008-2011 : Assistante de Secteur du Service d’Aide à Domicile de la Croix-rouge d’Aix-en-Provence. 


In Summary

The purpose of my article is to incite you to go to the museum Granet of Aix-en-Provence to discover the exhibition "the collection Planque. The example of Cézanne" who, further to her public success, is prolonged until November 6th.
The Jean and Suzanne Planque Foundation, created in 1998, a little bit before the death of the Swiss collector, chose the Granet museum to welcome 300 works of her collection, during 15 years. A selection of 120 paintings, drawings and sculptures is presented during this exposition and proposes us a journey among major figures of the modern art, since the impressionists (Monet, Renoir, Degas) and their contemporaries (Van Gogh, Cézanne) up to the major artists of the XXth (Picasso, Braque, Dufy, Léger, Klee, De Staël, Dubuffet, Tapiès …). The completeness of the collection will be revealed in the Chapel of white Penitent which will open in 2013, on the occasion of the year " Marseille Provence, European capital of the Culture ".
Friend of many artists that he collected (like Picasso met in 1960 and Dubuffet, Jean Bazaine, Sonia Delaunay, Roger Bissière…), counsellor of Ernst Beyeler gallery in Bâle, himself a painter, Jean Planque (1910-1998) made up his collection according to feeling, sensibility and admiration.
The setting on three floors gives to feel the diversity of his likings and artistic inspirations. In ground-floor, next to representational masters (Renoir, Degas, Monet, Van Gogh…) and painters of cubism (Braque, Juan Gris, Fernand Léger…), the visitor can see the hanging up of pictures which were above his bed in his last house in Switzerland. The discovery of Cézanne, when he was 19 years old, was a revelation important for the collector. To feel symbolically close to master of aix, Planque settled down, to paint, from 1948 till 1951, 6 months a year, in a bungalow at feet of the Sainte-Victoire mountain, noted motive painted in one of both watercolors of Cézanne exposed to the museum.
On the first floor, his liking for music and matter are obvious in the exhibited works. Planque played the piano. And he sought for rhythm, disparities of tons in painting like in music. For example, the works of art of Paul Klee, Sam Francis and Dubuffet evoke the syntaxe of the music. Dubuffet, met in the 1940s, shows him a road towards a shape of art more spontaneous than the cézannien inheritance. The visitor could only, unguardedly, relish pure sensitive contemplation. One of the best manners to watch the abstract art that constitutes the major part of this exposure, and more particularly the naive art, concept invented in 1945 by Dubuffet for the works of persons without artistic culture. Such as Aloïse Corbaz, young woman interned in the 1920s and which begins then creating some works in the sensational colors, exposed here to the side of Dubuffet.
The taste of Planque for the work of the matter leads him to be interested in the mixtures and medleys of matters (sand, pigments..) of members of the Spanish school as Antoni Tapiès, Antoni Clavé... And  sculptures made with joinings of painted wood and collages of relief map of its friend Kosta Alex, American artist died in 2005. His art is playful and comic. This artist is a real discovery for me. In my opinion, he exemplifies the idea that modern art can be easy and  simple. Donations, after the death of the Swiss collector, immortalize his action in favour of the living art in no mercantile spirit. The foundation, above all, want the public share the pleasure to look at creations. 2 of the exposed donors are the sculptor Sorel Etrog and Alexandre Hollan. This one showes a series of still lives representing a motive in perpetual transformation. He tries to get a fleeting printing. The buckle is shut with the impressionists of the beginning of the visit !
Finally Planque is buying, mainly, pictures which he would certainly have liked painting. So, beyond a seeming non-homogeneity, his collection is coherent. The last space, at the 2nd level, designated "Planque and his friends" exhibites his works. Without attain in his practice the excellence of the artists whom he admires, he shows much sensibility to examine the others paintings. He painted, for example, occasionally, in the style of Cézanne. Intrinsically, he was familiar with the artistic practice, so his relationships with the artists are more friendly that  a trader to a artist. He was near to the masters Picasso, Dubuffet, Giacometti. And, in the room, very much letters testifie of the sincere friendship between Jean Planque and of less renowned artists: Walter Schüper (who sent Planque to meet Ernest Beyeler in 1954), René Auberjonois (a kind of Swiss Cézanne), Hans Berger (that he discovered in the end of his life and he compared with Van Gogh!). Pictures of this painters are exhibited ... During the stay of Planque, at the end of 1940s, in the country of Aix, the correspondance with the conservative of the museum Granet of Aix-en-Provence, Louis Malbot, express their friendship, Malbos suggested showing a picture of his collection during the exhibition "The Painters of the mountain Sainte-Victoire" organized, in June 1951. Thus, 60 years ago, a work of the collection Planque was already hanged on the walls of the museum Granet.
Far from any mercantile consideration, Planque did not specialize in some fashionable stylistic movements. He did not either try to own great arts works to create an miniature Art history. The expressiveness of the line, the richness of the color and a feeling of the space would move closer to all the exhibited artists, the most classic like the most contemporary. But especially, in my opinion, besides enjoying works and discovering artists, this exposure enables to contemplate the passion of a Swiss young man, of Protestant and peasant origin, without fortune nor artistic education, which dedicated its existence to purchase works, to support artists and who lived in a simple and frugal way until his death. A noble example of human and artistic adventure which establishes, at the time of a market of the art which favores fashionable artists but whose quotation will soon fall for many, that the art is a question of sensibility and sharing, that he has to enrich figuratively most people, and not make only rich financially some speculators.
Audrey Courtin








dimanche 16 octobre 2011

Chercheurs, doctorants et étudiants : Deux Centres de Documentation et de Recherche peu connus en Région PACA - Researchers, PhD students and students :Two Research Centers in South of France

Tout chercheur désirant réaliser une étude en histoire de l'art ou en iconographie doit avant tout cerner son sujet et établir un corpus d'images, véritablement fondement de la problématique. 
Ce travail de compilation des oeuvres (corpus) est réalisé, le plus souvent (et en l'absence de corpus déjà pré-établis ou d'inventaires), par le dépouillement systématiques et méthodique des sources manuscrites, mais aussi de publications, de monographies, de catalogues d'expositions, de photothèques, de fichiers informatisés, de bases de données, etc. 
Dans cette quête sans fin, les Centres de Documentation et de Recherche sont des lieux précieux, dont la richesse s'exprime par le fond documentaire. Deux centres méconnus du Sud de la France sont ici présentés, en souhaitant que la qualité de leur masse documentaire aide quelques chercheurs, doctorants, étudiants ou piquent la curiosité d'un public intéressé. 

Le CIDRPPA, Centre International de Documentation et de Recherche du Petit Palais d’Avignon (Vaucluse)

Implanté au cœur du Musée du Petit Palais d’Avignon, le fond est spécialisé dans l’art du Moyen Age, et notamment dans la peinture de la fin de la période jusqu’au XVIe siècle. La bibliothèque du Centre, fondée par l’Association du CIDRPPA, est à présent intégrée au Musée. celui-ci continue une politique d’acquisition réfléchie, analogue à celle menée par l’Association participant toujours à l'enrichissement du fond. 
Chercheurs et étudiants, restaurateurs d'oeuvres d'art, mais aussi public plus large (visiteurs du musée), ont un accès simple et direct aux ouvrages et peuvent s’adresser à la documentaliste, Mademoiselle Isabelle Duval, compétente et disponible.
L’ensemble est très riche : monographies de peintres, manuels d’iconographie, catalogues d’expositions, publications sur les sites et régions, fonds sur la restauration du patrimoine, etc. La bibliothèque conserve notamment les ouvrages de référence de George Kaftal (peinture italienne), outil précieux dans la constitution de corpus de travail spécialisé dans l’art d’époque médiévale et début d’époque moderne. Le fond est complété par une collection importante de revues spécialisées en iconographie, dont certaines ne sont référencées que dans les bibliothèques parisiennes ou hors région PACA.
Enfin, une photothèque constituée de tirages papier noir et blanc offre également de précieux outils pour le chercheur ou l’étudiant en quête de corpus iconographiques.
La Bibliothèque du CIDRPPA est donc un outil indispensable à toute recherche d'histoire de l'art ou d'iconographie portant sur les périodes médiévales. 
La collection de revues est référencée sur SUDOC et les ouvrages sont à l’indexation http://www.sudoc.abes.fr. Pour plus d’efficacité, il est conseillé de prendre contact avec la documentaliste en préalable d’une visite. Les photographies sont autorisées selon le type d’ouvrage, en accord avec la documentaliste. Site : http://www.avignon.fr/fr/pratique/biblio/petipal.php


Centre de Documentation et de Recherche de la Maison-Musée Nostradamus (Salon-de-Provence, Bouches-du-Rhône)

Musée municipal crée en 1992, « Maison d’écrivain et de patrimoines littéraires » depuis 2006, la Maison-Musée Nostradamus, à Salon-de-Provence, est implanté dans le lieu de résidence du célèbre humaniste. 
Loin des notions ésotériques souvent rattachée, de manière erronée, à la personnalité de Michel de Nostredame, la vocation du lieu est de transmettre les savoirs et les connaissances sur cette personnalité humaniste au plus grand nombre, mais aussi de proposer des outils pour les chercheurs et les universitaires. Le pôle scientifique, complémentaire au pôle touristique du Musée, répond à la demande internationale de scientifiques en quête de documents originaux, de sources attestées, de manuscrits ou d’imprimés anciens (incunables et imprimés). Le fond, petit par sa taille, mais grand par la qualité de ses composants.
Il est constitué de livres imprimés du XVe siècle à nos jours, d’estampes, de manuscrits, de cartes et plans, mais aussi de publications consacrées à Michel de Nostredame, à son époque et à l’humanisme. Ses fonctions sont de collecter les documents qui méritent d’être conservés au regard de l’Histoire, de conserver et de restaurer les ouvrages, de chercher à vérifier l’authenticité des sources, proposer des outils de travail aux chercheurs, communiquer les résultats.
Les chercheurs peuvent ainsi travailler sur des ouvrages précieux, chartes, écrits, pièces, almanach, poésies écrites par les membres de l’illustre famille, ou d’autres sources tels :
Charte manuscrite, Jaume de Nostredame, 1515.
Paraphrase de Galien, Michel de Nostredame, imprimé en 1557.
Centuries astrologiques, Michel de Nostredame, 1568.
De Materia Medica de Dioscoride, traduit par Mathiole, imprimé en 1578.
De nombreux ouvrages pourraient faire l'objet de recherches universitaires, tant dans leurs qualités littéraires et historiques, que dans les modalités d'impression, de marques d'imprimeurs, etc. 
Le catalogue de la bibliothèque et l’inventaire très précis des collections est disponible en ligne : http://www.salondeprovence.fr/index.php/nostradamus La consultation du fond s’effectue après demande d’autorisation préalable auprès de la direction du Centre et après définition précise du projet d’étude (cf. catalogue en ligne).
Je remercie Madame Jacqueline Allemand, directrice du Centre et de la Maison-Musée de Nostradamus, ainsi que son équipe pour les informations communiquées. 




Every researcher, wishing to realize a study in art history or in iconography, has to encircle his subject and establish a corpus of images, really foundation of the problematization. 
This work of compilation of the corpus is realized, mostly (and in the absence of already pre-established corpuses or of inventories), by the systematics and methodical perusal in handwritten sources, but also in publications, in 
monographies, in catalogs of exhibitions, phototeca, databases, etc. 
In this unlimited quest, Centers of documentation and Research are precious places. Two underestimated South-France centres are presented here, by wishing that the quality of their documentary mass helps some researchers, PhD students, students or prick the curiosity of an interested public.


The CIDRPPA, Centre International de Documentation et de Recherche du Petit Palais d’Avignon (Vaucluse, France).
Implanted in the Museum of the Petit Palais of Avignon, the library is specialized in the art of the Middle Ages, in particular in the paintings to the XVIth century. Established by the Association of the CIDRPPA, it is integrated into the Museum, which continues a politic of acquisition introduced by the Association. Researchers and students, but also public, have a simple and direct access to the books and can address the information officer, Miss Isabelle Duval.
The set is very rich : painters' monographs, books of iconography, catalogs of exhibitions, publications on sites and regions, fund on the heritage restoration, etc. The library keeps in particular George Kaftal's references (Italian painting), precious tool in the constitution for a corpus of work specialized in the art of medieval period ‘till the Renaissance. The library is completed by an important collection of specialized magazines in iconography, which some are referenced only in the Parisian libraries or except region of Provence-Alpes-Côte d'Azur.
Finally, a picture library constituted by black and white paper prints offer also an invaluable tools for the researcher or the student in search of iconographic corpuses.
The collection of magazines is referenced on SUDOC and the books will be shortly http://www.sudoc.abes.fr. For more efficiency, it’s recommended to get in touch with the information officer in prerequisite of a visit. Photos are authorized according to the type of book, in agreement with the information officer. http://www.avignon.fr/fr/pratique/biblio/petipal.php

Centre de Documentation et de Recherche de la Maison-Musée de Nostradamus, Center of documentation and Research for the House-Museum of Nostradamus (Salon-de-Provence, Bouches-du-Rhône, France)
Municipal Museum created in 1992, " House of Writer and literary heritages" since 2006, the House-Museum Nostradamus, in Salon-de-Provence, is founded in the residence of the famous humanist. Far from the esoteric notions often connected with the personality of Michel de Nostredame, the vocation of the place is to pass on the knowledges on this personality in the largest number, but also to propose tools for the researchers and the academics. The scientific, complementary pole in the tourist pole of the Museum, answers the scientists' international request in search of original documents, of given evidence sources, of manuscripts or of ancient printed matters (incunabula and printed). The library is small by its size, but important by the quality of its components.
The center is established by books printed of the XVth century in our days, of prints, manuscripts, maps and plans, but also of publications dedicated to Michel de Nostredame, in his period and in the humanism. His functions are to collect the documents which deserve to be preserved towards the History, to preserve and to restore the books, to try to verify the authenticity of sources, to propose working tools to the researchers, to communicate the results.  The researchers can work on precious books, charters, papers, charts, almanacs, poetries written by the members of the illustrious family, or the other sources such :
Charte manuscrite, Jaume de Nostredame, 1515.
Paraphrase de Galien, Michel de Nostredame, printed 1557.
Centuries astrologiques, Michel de Nostredame, 1568.
De Materia Medica, Dioscorides, traduit par Mathiole, printed 1578.
The catalog of the library and the very precise inventory of collections is available on-line : http://www.salondeprovence.fr/index.php/nostradamus
The consultation of the found is possible after request of prior authorization with the direction of the Center and after precise definition of the project of study (see on-line catalog).
I wish to thank Mss. Jacqueline Allemand, director of the Center and the House-museum of Nostradamus, as well as her team for the communicated informations. 



vendredi 14 octobre 2011

Le blog évolue - The blog evolves



Après moins de quinze jours d’existence, un premier bilan s’impose. 
Deux points sont à noter. Premièrement, l’intérêt suscité auprès d’un public large, mais aussi auprès d’universitaires désireux de participer activement par la publication d’articles, dont celui de Mademoiselle Sandrine Krikorian est le premier (Iconographie de la Cuisine et des Arts de la table). Deuxièmement, le nombre important de visiteurs étrangers encourage à faire des résumés en anglais des articles publiés. Ainsi, l’axe principal du blog se complètera, dans l’avenir, de synthèses en langues anglaises, destinées aux publics autres que français. Le résumé de la thèse de Mademoiselle Krikorian est ainsi déjà disponible, dans son article publié le 11 octobre 2011.

After less than two weeks of existence, a first balance assessment is leads. Two points are to note. At first, the interest aroused to the public, but also to academics avid to participate actively by the publication of articles, the first one written by Miss Sandrine Krikorian (Iconography of the Dining table and tableware). Secondly, the significant number of foreign visitors encourages to make summaries of published articles, in English. So, the main axis of the blog will complement itself, in the future, with syntheses in English. The summary of miss Krikorian's thesis is so already available, in its article published on October 11th, 2011.

mardi 11 octobre 2011

"Iconographie de la Cuisine et des Arts de la table", par Sandrine Krikorian


Iconographie de la Cuisine et des Arts de la table
Sandrine Krikorian, Docteur en Histoire de l’Art à l’Université de Provence
(Aix-Marseille I).

La réputation de la cuisine française de par le monde n'est plus à faire. Mais comment est-elle née ? En effet, si cette réputation est établie, qui sait que c'est durant les XVIIe et XVIIIe siècles qu'elle se met en place et prend son essor pour en arriver là ? C'est un sujet passionnant que j'ai eu la chance et le plaisir d'étudier lors de mes études. de ma maîtrise jusqu'à mon doctorat, soit environ huit ans de recherches. J'ai travaillé sur l'iconographie de la cuisine et des arts de la table durant l'Ancien Régime dans le royaume de France, plus précisément du début du règne de Louis XIII (1610) à la Révolution française (1789). 
Dans le domaine de la recherche scientifique, c'est un sujet qui est souvent traité dans certaines disciplines des sciences humaines que sont l'histoire, l'anthropologie, la sociologie, etc. A l'inverse, peu nombreuses sont les études sur cette question en histoire de l'art, ou du moins concernent-elles la plupart du temps la nature morte ou les objets d'orfèvrerie et de céramique. Dans cette discipline, le principal ouvrage est le catalogue d'exposition intitulé Versailles et les tables royales en Europe qui s'est déroulée en 1993 dans le château de Versailles, auquel on peut ajouter les actes du colloque qui se sont déroulés autour de cette exposition (et qui ont été publiés dix ans après). Ce sont deux ouvrages de référence (auxquels on peut ajouter quelques études ou articles publiés ponctuellement) qui donnent un aperçu de ce qu'étaient la cuisine, la gastronomie et les arts de la table français durant ces deux siècles. 
Cependant, aucune étude globale sur cette question de l'iconographie culinaire n'avait jamais été réalisée auparavant. J'ai effectué un travail de dépouillement et de recensement, qui tend vers la plus grande exhaustivité possible. J'ai pu collecter (redécouvrir ou mettre au jour) un ensemble de plus de 1500 oeuvres (peintures, gravures, objets de céramique, tapisserie, etc.) liées au sujet. Et c'est l'étude de ce corpus iconographique, analysé de façon croisée avec les sources manuscrites (archives) et imprimées (j'ai travaillé sur environ 500 ouvrages publiés au XVIIe et XVIIIe siècle), qui m'a permis de proposer ce travail d'histoire de l'art (auquel sont insérées des méthodes d'analyse issues des autres sciences humaines). 
Sandrine Krikorian
le  9 octobre 2011


Publication de thèse : 


KRIKORIAN Sandrine, Les Rois à Table. Iconographie, gastronomie et pratiques des repas officiels de Louis XIII à Louis XVI, Aix-en-Provence, Presses Universitaire de Provence, collection Le temps de l’Histoire, 2011 (publication en décembre 2011).
16 x 24 cm, 230 pages, ISBN 978-2-85399-801-7, 23 €
Couverture : Charles Andre van Loo (17051765), Repos pendant la chasse, Paris, Louvre, © 2011, photo Scala Florence.

Cet ouvrage présente une vision globale des repas officiels des souverains français de l'Ancien Régime. de la préparation culinaire à la décoration du lieu et de la table en passant par les repas et l'analyse des comportements et des goûts de l'époque, l'étude se situe à la limite entre histoire et histoire de l'art ; il s'agit d'une étude pluridisciplinaire se fondant principalement sur l'iconographie et complétée par des sources manuscrites et imprimées. Cette interdisciplinarité, incluant différentes disciplines et méthodologies des sciences humaines, permet de traiter plusieurs aspects : les coulisses des repas (métiers, préparation culinaire et nouvelle gastronomie française), les repas et leur déroulement (étiquette, civilité, service "à la française", convives, faste et apparat), mais aussi la décoration de la table (lieu des repas, tables, accessoires et mets). 




Bibliographie de Sandrine Krikorian
Les Rois à table. Iconographie, gastronomie et pratiques des repas officiels de Louis XIII à Louis XVI, Presses Universitaires de Provence, Le Temps de l'Histoire, 2011 (à paraître en décembre)

- Études d’iconographie culinaire et conviviale dans la France des XVIIe et XVIIIe siècles : pratiques et manières de table, objets, goûts et représentations, thèse de doctorat, sous la direction de Martine Vasselin, Université de Provence, 2007 (résumé en français et anglais ci-joint).


L'iconographie des arts de la table en France aux XVIIe et XVIIIe siècles est constituée de composantes variées : préparation culinaire, ustensiles de cuisine, consommation des mets, déroulement et diversité des repas, décoration du lieu et de la table, accessoires de table. Transcrits sur des supports variés et dans des genres divers, ces thèmes et sujets se reflètent les uns les autres et créent ainsi des effets de miroir qui participent à la mise en scène de la table qui devient un lieu de spectacle. Pratiques sociales et historiques et valeurs esthétiques se mêlent et constituent les deux aspects de ces images qui à la fois imitent le comportement, les goûts, les pratiques alimentaires et artistiques des commanditaires et spectateurs (gastronomie, civilité, sociabilité, intimité, galanterie, libertinage, goût pour la vie en plein air, la chasse, l'exotisme, la littérature, les arts scéniques) et, par leur existence répétée et reflétée, incitent également  les convives à se conformer à ce qu'ils voient notamment par la mise en appétit de leurs sens.


Iconographic representation of the art of the dining table in France in the seventeenth and the eighteenth century.
Iconographic representation of the art of the dining table in France in the seventeenth and the eighteenth century is composed of various elements : culinary preparation, cooking ustensils, consumption of dishes, the diversity of meals and table manners, decoration and table ornaments. Transposed on a variety of models and in different forms and formals, those themes and subjects by their interrelations create mirror effects which transform the decoration of the dining table into a theatrical show. Social and historical mores and aesthetic considerations blend and determine the two aspects of these images which at once determine the behaviour, taste and practice of those who ordored such works of art and of spectators (gastronomy, civility, sociability, intimacy, gallantry, libertinage, taste of the outdoor life, hunting, exoticism, literature, visual arts) but also, by their repetition and reflection, incite guests to conform to what they see by whetting their appetite through their senses.

- « Des plaisirs de la chère aux plaisirs de la chair : le dérèglement des sens dans l'iconographie des Contes illustrés de La Fontaine », éditions du CTHS, 132ème Congrès, Arles, 2007 (à paraître).

- « La table du roi dans l'image populaire : les repas de Louis XIV dans les almanachs », éditions du CTHS, 132ème Congrès, Arles, 2007.

- « Pour une interprétation littéraire et morale de l'iconographie des repas populaires français des XVIIe et XVIIIe siècles à travers les œuvres de Bourdon et Greuze », éditions du CTHS, 131ème Congrès, Grenoble, 2006.

- « Nourriture et arts de la table à travers deux romans du XVIIe siècle illustrés au siècle des Lumières: le Don Quichotte de Cervantès et Le Roman comique de Scarron », in Food and History, Brepols Publishers, 2005, vol. 3, n° 1.







dimanche 9 octobre 2011

La méthode d'Erwin Panofsky et sa mise en oeuvre


La méthode développée par Erwin Panofsky pour étudier une œuvre d’art est l’une des plus célèbres, des plus utilisées mais aussi des plus critiquées. Elle offre cependant une possibilité de « progresser dans l’image », de manière assez cohérente. Décrite dans Studies in Iconology, Humanistic Themes in the Art of the Renaissance (Westview, Icon editions, 1972, 400 pages), trois niveaux se distinguent.

L’analyse pré-iconographique
Le but de cette première étape est de déterminer le sujet principal ou naturel de l’œuvre, tout en la présentant : titre, auteur, date de réalisation, type (dessin, tableau, enluminure, sculpture, vitrail, orfèvrerie, mobilier, etc.), support (toile, bois, parchemin, papier, surface murale, etc.), dimensions, lieu de conservation, genre (portrait, paysage, scène historique, mythologique ou religieuse, de la vie quotidienne, etc.).
L’exemple suivant est choisi : le sujet principal est l’instant où le corps inerte du Christ est descendu de la Croix. 

Rogier van de Weyden (°vers 1399- †1464, dit aussi Roger de la Pasture), Descente de Croix, vers 1435-1440. Huile sur bois, 220 x 262 cm. Madrid, Musée du Prado, scène religieuse (panneau central d’un triptyque dont les panneaux latéraux ont disparu ?). 

Analyse iconographique
Le second niveau est celui de la description de l’œuvre (identification des personnages, objets, décors).
Sur ce même exemple :
La scène se déroule dans une niche d’architecture dorée. L’œuvre montre la participation de la Vierge à la Passion du Christ et à la Rédemption.
Le regard est immédiatement porté sur le Christ, dont le corps désarticulé porte les traces de la Passion (couronne d’épines) et de la Crucifixion (stigmates des mains, des pieds et du flanc), dont le sang a ruisselé sur la peau nue voilée d’un perizonium (cache-sexe). Détaché de la croix, le corps meurtri est présenté aux fidèles par Joseph d’Arimathie et Nicodème  (richement parés) qui le tiennent respectueusement dans le linceul. Le corps saint ne peut en effet, et selon les conventions de l’époque, être touché directement.
Saint Jean retient le corps de la Vierge, vêtue du bleu marial traditionnel fait à partir de lapis-lazuli – pigment aussi rare qu’hors de prix à l’époque. L’artiste a recours à la répétition pour intensifier son impact visuel : c’est ainsi que l’attitude de la Vierge reprend celle du Christ mort, sa main droite répondant à la pose de la main de son Fils. Le peintre suggère ainsi la souffrance physique du Christ et l’agonie morale de Marie. C’est là une idée théologique importante : la souffrance compatissante de Marie fait partie de l’acte de rachat du Christ.
Le personnage de Jean, disciple privilégié de Jésus, apporte une dimension affective supplémentaire. Son visage est marqué par l’affliction et l’art du peintre, connu pour ses talents de portraitiste, s’exprime ici par les expressions de la douleur.

Rogier van der Weyden intensifie les sentiments par un réalisme extrême, les yeux étant bordés de rouge et les larmes coulant sur le visage. De plus, l’entassement des personnages presque grandeur nature dans un espace réduit contribue à dramatiser la scène, tout comme les positions des personnages. Celle de Jean, courbé, fait écho à celle de Marie-Madeleine à l’opposé. Pécheresse représentée avec un décolleté et de riches parures (bague, ceinture à médaillons), sa position traduit l’angoisse. Jean et elle forment une parenthèse autour de la scène centrale, dont la couleur rouge de leurs vêtements guide le regard du spectateur en intensifiant les blessures (stigmates) du Christ. Enfin, quatre personnages secondaires sont ajoutés. L’un tient le pot d’onguent, attribut de Marie-Madeleine et allusion à l’embaumement du corps. Un homme aide à la descente du Christ depuis son échelle. Enfin, deux femmes représentent les sœurs de Marie. Le panneau représente ainsi les différentes étapes de la Passion, depuis l’abaissement du cadavre, la déposition, la lamentation et la mise au tombeau suggérée par le linceul et le pot d’onguent.

Analyse iconologique
Le dernier niveau est celui de la mise en perspective de l’œuvre et de son contexte (culturel, historique) en essayant de comprendre sa signification à l’époque de sa production. C'est le niveau interprétatif de l’œuvre : les intentions de l’artiste ou du commanditaire, les choix effectués, la recontextualisation et la portée de l’œuvre (intérêt historique et artistique) sont analysés. 
Sur l’exemple :
Ce retable d'autel est une des premières œuvres pouvant être attribuée en toute certitude à Rogier van der Weyden ; c’est aussi une des plus grandes et des plus célèbres du peintre flamand.
Le panneau était destiné à la chapelle Notre-Dame-Hors-les-Murs de Louvain (actuelle Belgique), chapelle appartenant à la très importante confrérie des arbalétriers de la cité. Une arbalète est d’ailleurs représentée dans les rinceaux peints tels de la sculpture sur bois, au coin supérieur droit. Le parallèle du corps du Christ avec une arbalète n’est sans doute pas fortuit, en raison des commanditaires.
L’artiste reprend la convention des retables de bois sculptés, en vogue à l’époque dans les pays du nord, en  trompe-l’œil. Il réalise ainsi une œuvre novatrice, tout en utilisant des procédés connus de l’époque (technique de la peinture à l’huile) en jouant d’elle dans une mise en scène proche de la sculpture, le tout dans un esprit théâtralisé.
Cette théâtralisation de l’œuvre garantit l’efficacité de l’œuvre : le regard du spectateur est guidé dans le tableau, par le jeu des regards des personnages, les courbes de leurs corps et les couleurs de leurs vêtements. Le retable répond pleinement à sa vocation d’inspirer la vénération des fidèles participant à l’Eucharistie. Placés sur l’autel, le retable fait écho au sacrement du pain et du vin, lesquels sont dans la foi chrétienne le corps et le sang du Christ. Les fidèles assistant à la messe voyaient ainsi, lors de l’élévation de l’Eucharistie, le pain et le vin devenir le corps du Christ. Le crâne d’Adam ainsi qu’un fémur rappellent d’une part que la Crucifixion eu lieu sur le Mont Golgotha (le Mont du Crâne), lieu de sépulture du premier homme, et d’autre part la Rédemption apportée par le sacrifice sur la Croix : par celui-ci, le Christ rachète le monde du péché originel commis par Adam et Eve.
L’évanouissement de Marie rend cette œuvre unique pour cette époque : sa position est une nouveauté dans l’art dit primitif flamand. Le panneau reflète directement la dévotion exprimée par Thomas a Kempis dans son texte l’Imitation de Jésus-Christ, publié en 1418. Le texte, tout comme le retable, invite le lecteur à s’identifier et à ressentir les souffrances du Christ et de sa Mère.

La méthode élaborée par E. Panofsky permet, ainsi, de progresser dans l'oeuvre et d'aborder, de manière méthodique et appuyée, les significations de la représentation. 


Publication à venir


Mémoires d'orfèvres

L'orfèvrerie classée Monument historique des églises du Languedoc-Roussillon


Ouvrage sous la direction de Hélène Palouzié
  • 352 pages, 580 illustrations
  • 22 x 28 cm
  • 35 €
  • broché avec rabats

  • coédité avec la DRAC Languedoc-Roussillon
  • Code article
  • ISBN-9782757204740
  • à paraître le 12 octobre 2011.

  • http://www.somogy.fr//actualite.php

vendredi 7 octobre 2011

Méthodes et procédés en Histoire de l’Art


1.      L’iconographie, une discipline spécifique

L’iconographie est une science. Consacrée à la recherche du sens symbolique et allégorique de l’œuvre d’art, les représentations d'un sujet donné (personne, époque, thème, symbole, lieu, civilisation, religion) sont méthodiquement étudiées et mises en rapport avec leurs sources écrites. Les évolutions, les interférences et les significations sont révélées par leur recontextualisation dans l’époque qui les a produites. 


Issu du grec (ikon, image et graphein, écrire), le terme iconographie désigne chez les orthodoxes l’art et l’usage liturgique des icônes. Celles-ci sont des représentations du Christ, de la Vierge, des saints ou d’un épisode de l’histoire sacrée. D’importance considérable dans le monde orthodoxe, l’histoire est marquée par divers conflits autour d’elles (querelle iconoclaste au VIIIe et IXe siècle). http://www.palais-des-papes.com/pages/icones.html (lien vers Saints de Byzance, Exposition temporaire au Palais de Papes, Avignon, 2005).


Les choses sont différentes dans le monde occidental. Le terme iconographie désigne la science décrite plus haut, et qui se développe à la Renaissance, sous l’impulsion de Cesare Ripa et de son ouvrage intitulé Iconologia overo Descrittione dell’Imagini universali (1593). L’auteur, né à Pérouse, identifie et classe les représentations selon leurs thèmes, tout en étudiant leurs significations. Traduite en français et publiée dès 1644 à Paris, l’Iconologia est une référence pour son époque et bénéficie pendant très longtemps d’un large succès.

Dès 1757, l’Encyclopédie Diderot et d’Alembert propose la définition suivante : « description des images ou statues antiques de marbre et de bronze, des bustes, des demi-bustes, des dieux pénates, des peintures à fresque, des mosaïques et des miniatures anciennes ». La connaissance des monuments antiques est ajoutée à la définition en 1762 dans le Dictionnaire de l’Académie française et les collections de portraits dans le Dictionnaire de la Langue Française, publié entre 1872 et 1877. Le terme se généralise ainsi pour embrasser les représentations sur un même sujet, et enfin, le sens d’illustrations accompagnant une parution lui est dévolu.

Les XVIIIe et XIXe siècles sont marqués par de fortes personnalités, ayant eu un impact majeur sur les méthodes de l’étude iconographique. Pourtant, la rhétorique savante et érudite de l’image consacrée à l’antiquité s’amenuise, mais l’iconographie demeure capitale pour la compréhension des productions passées et, dès le XIXe siècle, de nombreuses études apparaissent notamment pour le domaine de « l’art chrétien ».
Adolphe-Napoléon Didron, archéologue français de renom (°1806-†1867), démontre l’intérêt des études d’iconographie chrétienne systématique en rédigeant de nombreux ouvrages et en fondant les Annales Archéologiques. Le but est de favoriser la compréhension de l’art chrétien. Il ouvre ainsi la porte aux nombreux chercheurs du XXe siècle dont l’influence est remarquable. 

Les travaux d’Emile Mâle, professeur à Paris-Sorbonne dès 1905 puis directeur de l’Ecole Française de Rome, sont aujourd’hui encore des références incontournables (cf. bibliographie jointe). Avec Aby Moritz Warburg, ils ont fondés les bases pluridisciplinaires de l’iconographie d’aujourd’hui. Né à Bonn en 1886, la méthode d’analyse warburgienne consiste à « opérer une décomposition [de l'œuvre] qui en fera apparaître clairement l'hétérogénéité matérielle ou essentielle ». Erwin Panofsky, formé à cette école, développe l’étude iconographique grâce à une méthode rigoureuse, encore utilisée de nos jours par les chercheurs, bien que ses limites aient été démontrées. Elle fera l’objet d’un article distinct. 

Ainsi, née sous la notion d’iconologie, la science évolue vers une redéfinition du terme au profit de celui d’« iconographie » (terme réservé sous C. Ripa aux catalogues descriptifs systématiques) et désignant à présent l’étude descriptive et interprétative de représentations. Cette science permet ainsi de discerner ce que l’on veut voir, mais aussi ce que notre regard ne veut percevoir de prime abord. Elle est donc nécessaire afin de comprendre les sociétés qui nous ont précédés et à avancer vers l’avenir : le futur se construit, aussi, à la lueur des expériences du passé.


Bibliographie succincte.
RIPA Cesare, Iconologia overo Descrittione dell’Imagini universali, Milan, éd. Teo, 1992 (ré-éd.)
DIDRON Adolphe-Napoléon, Manuel d’iconographie chrétienne grecque et latine avec introduction et notes, New York, B. Franklin, s. d.
MÂLE Émile, L’Art religieux du XIIIe siècle en France : étude sur l'iconographie du Moyen Age et sur ses sources d'inspiration, Paris, Leroux, 1898.
MÂLE Émile, L’Art religieux du XIIe siècle en France: étude sur l'iconographie du Moyen Age et sur ses sources d'inspiration, Paris, A. Colin1922. 
MÂLE Émile, L'Art religieux après le Concile de Trente, étude sur l'iconographie de la fin du XVIe, du XVIIe et du XVIIIe siècle : Italie, France, Espagne et Flandres, Paris, A. Colin, 1932.
WARBURG Aby Moritz, Gesammelte Schriften, Leipzig – Berlin, 1932.
PANOFSKY Erwin, Essais d’iconologie, Paris, Gallimard, 1967.
PANOFSKY Erwin, L’œuvre d’art et ses significations. Essais sur les ‘Arts visuels’, Paris, Gallimard, coll. NRF, 1969.
VAUCHEZ André, Communication : Emile Mâle, vie, carrière et oeuvre, sur http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_2004_num_148_4_22816